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L’agriculteur au soleil est-il dans une meilleure situation que moi quand je suis à côté du radiateur ?

Quoi de mieux que de profiter d’une bonne place ?  Sur un banc au soleil, ou à côté d’un radiateur l’hiver dans le bus ou le RER…  Moi, quand tout va bien, je n’ai pas envie de bouger et  je suis sûr que vous êtes comme moi! Mais devrions nous tous être à tout moment dans ce schéma de décision quasi-psychologique? Est-ce que, par exemple, ce qui est bon pour nous est bon pour un entrepreneur ?

Comme vous le savez, un entrepreneur entreprend. Il entreprend dans le but de générer des recettes qui elles-mêmes généreront des profits.  Donc le but de l’entrepreneur est de se trouver dans une situation où l’ensemble de ce qu’il dépensera pour produire (oui car produire ça coûte !) sera inférieur à l’ensemble des recettes que générera sa production (oui car produire ça rapporte aussi !). Du coup, vous commencez certainement à comprendre où je veux en venir… Une fois qu’il a atteint cette situation, cette position, il est incité à ne plus bouger et à profiter des profits… Un peu comme moi l’hiver quand je suis à côté du radiateur ! En économie, on dira que cet entrepreneur  (ce producteur) aura atteint une situation optimale voire un optimum.

Jusqu’ici, vous vous dites que cet article est un peu basique et que je suis entrain de copier/coller un cours d’économie trouvé sur le net ! Donc attention voici l’idée principale qui arrive : L’entrepreneur en situation optimale doit-il rester en situation optimale? Et là, je ne vous cache pas qu’en posant cette question je prends quelques libertés avec la théorie économique !

Vous n’êtes pas sans ignorer que quoi qu’il arrive, la vie continue. Dans le bus, alors que j’ai trouvé la bonne place, d’autres voyageurs vont essayer d’en avoir une aussi  bonne que la mienne ou pire vont vouloir la mienne ! Ou encore, si le bus tourne dans une petite rue, la place au soleil peut passer à l’ombre et vice-versa… et bien en économie, c’est pareil ! Quoi qu’il arrive, tous les entrepreneurs cherchent à atteindre une situation optimale, ou bien encore une situation qui s’avérait optimale peut ne plus l’être.

Revenons-en au titre de l’article. Le lien que je fais avec notre agriculteur au soleil doit vous sembler maintenant plus clair. L’agriculteur, une fois qu’il a rempli son rôle social d’aménageur du territoire et son rôle symbolique de gardien du bon sens, est un entrepreneur. Comme tous les entrepreneurs il est donc soumis à un calcul de coûts et réfléchit en termes de maximisation de son profit. Cette réflexion l’amène donc à prendre des décisions qui doivent normalement le placer en situation optimale. Nombre de porcs/volailles/bœufs nourris, nombre de porcs/volailles/bœufs vendus,  temps d’élevage, etc etc… tout cela entre en compte. Mais, la vie continue… et d’autres agriculteurs ou industriels de l’agriculture continuent à chercher eux aussi une position optimale. La concurrence joue. L’offre et la demande s’ajustent et de nouveaux prix sont fixés. La position optimale détenue par nos agriculteurs a cessé d’exister et ils doivent réagir.

Enfin pour être exact… ils auraient dû réagir avant ! Car, si quand je prends le bus je ne sais pas quelles rues seront ensoleillés ou pas, je m’en doute un peu d’autant plus que j’aurais eu l’habitude de prendre le même trajet ! Pour les agriculteurs-entrepreneurs, c’est pareil. Connaissant le marché et la concurrence qui s’y exerce, Ils auraient dû anticiper les changements  et ceci d’autant plus que le marché agricole est internationalisé et que les coûts de productions sont moins chers dans certains pays…  Mais que voulez-vous, quand une place est bonne, on n’a pas envie d’en changer ! Et, c’est souvent trop tard que l’on s’aperçoit au final qu’elle n’est plus (ou pas) si bonne que ça !

Quand on regarde la récente actualité de nos amis agriculteurs on voit que les éleveurs de porcs sont dans l’impasse. Ils veulent une augmentation du prix d’achat de leur production à 1,40€ le kilo de porc, mais on ne leur en propose qu’1,32€ le kilo! Sachant que ces 1.40€/kg correspondent au seuil de rentabilité et donc qu’à 1.32€/kg ils réalisent des pertes !

Mais ne savaient-ils pas que la concurrence internationale s’exerçait très fortement (rien que la main d’œuvre agricole allemande est à 5€/heure) et que le marché du porc était quasi-oligopolistique ? Si, certainement ! Mais là encore il est dur de quitter une position satisfaisante. Et, quand la situation s’est dégradée, ils n’ont pu qu’en subir les conséquences.

Bon alors oui c’est vrai, j’ai l’air de tirer à boulets rouges sur ces pauvres éleveurs porcins. Alors, pour les dédouaner un peu, je dirai que quitter une position optimale ça demande beaucoup d’investissements car il faut innover. Bien sûr, il ne s’agit pas pour eux d’inventer le porc à 8 pattes mais de concevoir autrement la production de masse agricole. Il faut repenser le processus de production pour réussir à trouver l’équilibre non pas par la quantité mais par la qualité… par exemple valoriser le terroir ou bien faire dans le bio! Mais tout cela demande des moyens et les financements bancaires sont difficiles à trouver…  D’autant plus que je trouve que nous mangeons trop de viande ce qui favorise l’agriculture intensive et donc nuit aux éleveurs!

Vous l’avez bien compris, l’agriculteur au soleil n’est donc pas dans une si bonne situation que ça… enfin beaucoup moins que moi quand je suis à côté du radiateur !

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